À chaque veille de grande compétition africaine, le scénario semble écrit d’avance. D’un côté, les clubs européens s’inquiètent des absences à venir de leurs joueurs africains. De l’autre, des binationaux redécouvrent leurs racines, parfois au moment où les sélections africaines brillent sur la scène mondiale.
La Coupe du Monde 2026 à l’horizon et la CAN dans deux mois n’échappent pas à la règle. Le sélectionneur du Ghana, Otto Addo, en a récemment fait l’amère expérience. Dans un entretien accordé au média ghanéen 3SportsGh, il a confié : « Depuis que je suis devenu entraîneur de la sélection en 2022, et même dès 2021, nous avons approché certains joueurs. Ils ont dit non. Maintenant que nous sommes à la Coupe du Monde, ils veulent venir. Ce n’est pas comme ça que ça marche. »
Une phrase simple mais lourde de sens. Elle résume une frustration que partagent bien des sélectionneurs africains : la difficulté de bâtir un projet à long terme, souvent bousculé par des refus au moment où les places se disputent, puis des volte-face lorsque la vitrine devient attirante.
À l’inverse, dans les clubs, la peur du “mois de janvier africain” refait toujours surface. L’ancien international anglais Alan Shearer, consultant pour Betfair, n’a pas mâché ses mots à propos de Yoane Wissa, l’attaquant congolais de Newcastle : « Ce sera une décision difficile pour Wissa de ne pas y aller, parce qu’on veut toujours représenter son pays. Mais il n’a pas joué de tout l’été. Newcastle a beaucoup investi sur lui, et il doit aussi faire preuve de loyauté envers nous. »
L’argument revient chaque année : la CAN “tombe mal”, elle dérange les calendriers, elle prive les clubs de leurs cadres. Pourtant, elle est une fierté continentale et une obligation de cœur pour des joueurs attachés à leur drapeau.
Entre ces deux réalités, la logique de club et la fidélité nationale , se jouent des équilibres parfois fragiles.
Et puis, il y a les cas plus symboliques. Celui d’Andy Diouf, par exemple, longtemps lié à la France mais désormais plus ouvert à l’idée du Sénégal. Dans une récente interview avec les médias de son club, il confiait :
« C’est le pays de mon père, là où vit la quasi-totalité de ma famille. Le Sénégal fait partie de moi. Le peuple sénégalais aime le foot, c’est une vraie culture là-bas. »
Une déclaration qui résonne comme un clin d’œil, peut-être aussi comme une prise de conscience : l’Afrique attire à nouveau, mais souvent après avoir été mise de côté.
La vérité, c’est que la réussite du football africain dérange autant qu’elle séduit. Elle dérange ceux qui craignent de “perdre” leurs joueurs, et séduit ceux qui réalisent un peu tard que l’histoire s’écrit désormais aussi à Dakar, Accra ou Abidjan.
wiwsport.com
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